À Marie et François, Robert et Sylvie,
Nous offrons toute notre sympathie à l’occasion du décès de votre mère et belle-mère.
Fière, droite et forte comme un chêne, avec courage, tante Gisèle a affronté les grands vents et les tempêtes de sa longue existence. Avec détermination et espérance, elle a relevé tous les défis que la vie lui a présentés. D’ailleurs, n’affirmait-elle pas : « Quand tout va mal, on sait que ça ne peut qu’aller mieux… » Les dernières années, très consciente de sa condition, elle répétait plutôt : « Qu’est-ce que tu veux, ça n’ira pas en s’améliorant! » Puis, la maladie ayant eu raison de cette force de la nature, a abattu cet arbre centenaire… mais non sans laisser derrière lui d’abondantes semences d’un héritage à cueillir et à accueillir.
Dotée d’une remarquable intelligence, d’un esprit vif et d’un savoureux sens de la répartie, elle défendait avec verve et à propos les valeurs familiales, la justice, l’honnêteté, la persévérance, le sens des responsabilités et la noblesse du travail. « Ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait. », semblait être un de ses proverbes favoris. D’ailleurs, au fil des ans, l’occasion lui a été fournie plus d’une fois de donner gratuitement quelques leçons à qui de droit.
Cuisinière hors pair et rassembleuse, elle a fait généreusement profiter de ses talents à toute la famille. Compétente et habile, elle servait, puis on dégustait mets, entremets et desserts dignes d’un chef, à une table élégamment dressée et invitante.
Femme cultivée, elle aimait s’informer, lire et écrire. C’est avec impatience que j’attendais les lettres qu’elle postait à ma mère, correspondance qu’elles ont longtemps entretenue. Des lettres intéressantes, amusantes, bien rédigées et dans un français impeccable. Je les conserve précieusement comme des témoins éloquents de l’histoire familiale. Non seulement s’informait-elle « du monde » mais de « son monde ». En effet, jusqu’à notre dernier et récent entretien téléphonique, elle a porté intérêt à nos filles et à nos petits-enfants qu’elle ne connaissait pourtant pas et qu’elle nommait par leurs prénoms. Quelle fabuleuse mémoire! Toutes ces qualités nous permettraient d’affirmer avec la Bible : « Heureux l’homme qui vit avec une telle femme! »
Puis, malheureusement atteinte de dégénérescence maculaire, les dernières années la privèrent de la vue, sens « essentiel » à l’exercice de ses passions : la lecture, l’écriture, les mots croisés. Cependant, j’ai pu découvrir chez elle cet « essentiel invisible pour les yeux » dont parle St-Exupéry.
Un immense merci à tante Gisèle de m’avoir permis de développer une telle relation avec elle, relation qui m’a permis de découvrir son extrême sensibilité et son souci du bien-être des siens.
Yves Duteil résume assez bien ce qui m’habite présentement: « Le cœur endurci d’une écorce pour rester plus tendre au-dedans, mon âme a puisé dans sa force un souffle à l’épreuve du temps.»
Nos discussions animées me manqueront cruellement. Cependant, à jamais, son souvenir continuera à m’inspirer. Une page d’histoire est peut-être tournée, mais le livre existe toujours et peut-être à nouveau consulté.
Jean se joint à moi pour vous dire à quel point nous avons apprécié et aimé votre mère.
Que les précieux moments vécus avec elle vous soutiennent! Nos prières vous accompagnent!
Affectueusement,
Hélène Marleau-Richard (fille de Marthe Ruelland et Roland Marleau) et Jean Richard